FORMATION « 3 C »
La Presse en parle...
http://www.sudouest.fr/2012/02/20/l-insertion-par-le-permis-ca-marche-638440-2971.php
SUD OUEST | | | | | | | | | | | | | | | | | Lundi 20 février 2012 à 06h00 Par Dominique Andrieux |
|
|
L'insertion par le permis ça marche !
Quatre mois de suivi pour obtenir le permis de conduire et monter un
projet professionnel, la méthode de l'AIM ouvre des horizons à des
publics en difficulté.
Pôle emploi, Mission locale, les personnels des services en lien avec
l'emploi vous le diront, «l'insertion professionnelle des personnes en
difficulté est freinée par leur manque de mobilité ». «Au point que ça
devient un critère discriminant », ajoute Rachid Belaïd. Ce gérant de
l'AIM (1) résume la situation : « les gens vous objectent il faut de
l'argent pour passer le permis mais comme je n'ai pas de travail… ».
Cette
association intermédiation, située à Lormont (1), a imaginé une action
expérimentale baptisée Codes. com pour répondre à cette problématique.
Elle consiste sur une période de quatre mois à préparer à l'examen du
code de la route et après l'obtention de celui-ci mener de front la
formation à la conduite et la concrétisation d'un projet professionnel
ou de formation intégrant l'apprentissage des bases des nouvelles
technologies. Expérimenté au cours de ces deux dernières années auprès
d'un public résidant dans des quartiers prioritaires en grande majorité
de la rive droite, ce dispositif donne le bilan suivant. « Provisoire vu
que les personnes ayant échoué sont en attente d'une nouvelle
convocation », glisse M. Belaïd.
Le projet de travail les stimule
« Il ne faut pas lâcher l'affaire », est convaincu le Lormontais
Jérôme. Un message pouvant s'adresser à Hajira, une Cenonnaise ayant
éprouvé le besoin de « prendre un peu de recul » après un troisième
échec. « Le code s'est super bien passé, on s'est entraidé, ça stimule
», insiste cette jeune femme, agent de service dans une maison de
retraite. « J'ai en tête un projet de soins à la personne à domicile »,
révèle-t-elle.
Annabelle caresse la même ambition, à la nuance
près qu'elle veut créer son cabinet. Pour l'heure, elle se dit «
soulagée ». « J'avais échoué au passage du permis, ça m'a coûté 1 200
euros, raconte-t-elle. Ici, ce qui est très précieux, c'est que l'on
n'est pas livré à nous-mêmes, le suivi individualisé permet d'intégrer
ce que l'on a travaillé la veille ». Annabelle a décroché ce qu'elle
voulait : « Sans mon permis, je perdais mon emploi vu que je n'aurais
pas pu demander indéfiniment à des collègues de me transporter à Bacalan
pour être au travail à 5 heures du matin ».
Le permis de
conduire ravit également son ami Alexandre. « Code au deuxième coup,
conduite au premier » ! Bingo avec à la sortie quatre mois d'intérim en
tant que chauffeur livreur : « J'ai refusé leur proposition de CDI parce
que les conditions ne me convenaient pas ». Le parcours de ce jeune
homme est assez exemplaire des objectifs atteints par Codes. com.
Aziza
Rouafi a en charge toute la partie accompagnement des projets
professionnels ou de formation. « Le suivi de la personne est à la base
de toute cette action, qui au fil du temps passé ensemble débouche sur
une dynamique de groupe, positive », explique-t-elle. Parallèlement à
l'apprentissage des bases des nouvelles technologies, la formatrice
évoque les règles du monde du travail, telles la ponctualité, la
présentation, l'acceptation de la hiérarchie.
Il poursuit : « Les résultats sont spectaculaires pour le code de la
route, les 14 personnes de 2010 l'ont toutes obtenues et l'année
suivante elles sont 28 sur 33, soit un taux de réussite de 85 % et 25 %
pour l'obtention du permis de conduire ». Sur le plan de l'insertion
professionnelle, ce n'est pas mal non plus avec 70 % de résultats.
« Jamais rien réussi » Rencontre
avec des personnes détentrices du précieux sésame ou en voie de le
devenir. « J'ai obtenu le code en un mois et la conduite au premier coup
», raconte Faysal, 19 ans, de Villenave-d'Ornon. « Je n'avais jamais
rien réussi de ma vie, je me disais que je ne l'aurai pas et maintenant
je sens que je peux faire comme les autres ».
Le jeune homme
explique que cette réussite a provoqué « de la fierté chez mes parents.
Mon père m'a acheté une voiture ! ». Et Faysal a pu vérifier que la
barrière de l'emploi s'est très vite levée en accédant à un travail de
manutention, en intérim, à 26 kilomètres de son domicile. Il s'applique
désormais à mettre en place un projet de formation, « vraisemblablement
d'électricien ».
Six heures par jour De
quoi rendre envieux Jérôme, un Lormontais de 33 ans. Il avait eu le
code il y a quelques années, Codes. com lui a permis de l'obtenir « au
premier coup ». Il espère bien valider sa troisième tentative pour la
conduite. « Il y a le coup de la déception, le temps de faire le deuil
mais dans les deux ou trois jours je ramène le dossier », raconte-t-il. «
L'examen du permis de conduire est aujourd'hui à un niveau très élevé,
il n'y a aucun cadeau », tempère Patrick Allari, le formateur.
Il
expose sa méthode : « Trois heures de travail le matin autant
l'après-midi. J'ai remis d'actualité le papier et le crayon, les feutres
couleurs pour faire travailler le programme du code en thèmes, par
difficulté croissante ». « Au début, c'est difficile de tout mémoriser
du fait que l'on n'a pas l'habitude d'être concentré autant de temps »,
confient unanimement les adeptes de Codes. com.
(1) Association d'insertion par la médiation, 21, rue Pierre-de-Ronsard, 33 310 Lormont. Tél. 05 56 31 12 95.
-
Bordeaux rive droite
· emploi
· Lormont